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L'hiver sera-t-il froid en France ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

En ce mois de novembre, la grande question des prévisions pour l’hiver devient d'actualité avec de nombreux enjeux à la clé, d’ordre énergétique, économique ou encore touristique : fera-t-il froid ? Y aura-t-il de la neige en montagne ? En cette mi novembre, les tendances saisonnières proposent les grandes caractéristiques probables de notre futur hiver. Voici le scénario météo retenu par la Chaîne Météo.

Tous les ans, en début d’automne, le sempiternel article annonçant « l’hiver le plus froid du siècle » refait son apparition dans certains médias : il ne faut pas en tenir compte bien sûr ! Mais, de façon plus sérieuse, lorsque nous arrivons en novembre,c’est la période de l’année où les supercalculateurs arrivent à dégager une tendance dominante pour la saison à venir, en l’occurrence l’hiver. La Chaîne Météo propose ses propres prévisions saisonnières, dont voici, en substance, les caractéristiques les plus probables.

Quel contexte pour l’hiver 2018 – 2019 ?

Les prévisions saisonnières pour l’Europe et notamment pour la France sont complexes à élaborer et dépendent de nombreux paramètres sur lesquels nous reviendront plus bas. Rappelons que les prévisions saisonnières de la Chaîne Météo sont issues d’un modèle numérique expérimental interne. Ces prévisions envisageaint initialement un hiver globalement « plutôt doux » pour les mois de novembre, décembre, janvier et février, avec la persistance d’un déficit hydrologique jusqu’en novembre avant le retour d’un régime pluviométrique « normal » à partir de décembre. Mais bien sûr, au sein de ces 4 mois, la météo n’est pas figée et des changements de temps sont inévitables.

Un léger changement dans les prévisions

A ce jour, l'actualisation de nos prévisions saisonnières révise légèrement les températures à la baisse par rapport à la précédente mise à jour, une tendance baissière qui pourrait s'accentuer ou se stabiliser lors des prochains calculs numériques. Cette révision à la baisse reste peu importante mais constitue un marqueur en faveur d'un hiver "standard" ou légèrement plus froid que les moyennes. Ces températures pourraient être supérieures de +0,5°C au final sur la France métropolitaine pour la totalité de l’hiver, avec des précipitations encore déficitaire en novembre, puis se rapprochant des normales en décembre et devenant excédentaire en janvier et février. Dans ce contexte, on peut en attendre un hiver de plus en plus perturbé, avec des alternances de pluie et de neige en plaine, et d'un enneigement qui deviendra satisfaisant en montagne.

© La Chaîne Météo

Des nuances à apporter

Dans ce contexte d’hiver qui s’annonce assez proche des standards, des nuances peuvent être apportées : ainsi, le mois de décembre pourrait être plus dépressionnaire au sud de la France et plus anticyclonique au nord: cela expliquerait des précipitations restant encore un peu déficitaire sauf au sud. Ce temps plus perturbé, mais aussi plus froid, devrait se confirmer en janvier et février, avec un contexte plutôt dépressionnaire sur la France. Mais à ce jour, la fiabilité n’est pas bonne pour évoquer le cœur de l’hiver, qui pourrait être plus froid sous l’influence de l’anticyclone situé alors sur la Scandinavie. Il n’est donc pas exclu, dans ce contexte, des offensives hivernales classiques, avec au final, un hiver qui pourrait ressembler à celui de 2016 / 2017, où une vague de froid assez notable avait concerné la France au mois de janvier. Selon nos dernières modélisations - si cette tendance se confirme - la France pourrait même connaître l'hiver le plus froid depuis 6 ans, voire depuis l'hiver 2010 - 2011 dans le cas le plus marqué.

© La Chaîne Météo

En savoir plus sur les prévisions saisonnières : une configuration climatique complexe

Les caractéristiques d’un hiver sont liées à de nombreux paramètres sur lesquels nous ne reviendront pas en détail ici, mais qui prennent en compte les températures des océans, l’extension des surfaces enneigées dans les hautes latitudes, la circulation atmosphérique tropicale ou encore l’activité solaire et l’énergie reçue à la surface de la Terre. De plus, il existe des variations cycliques naturelles du retour d’hivers froids tous les 11 ans et tous les 60 ans, voire davantage.

D’autre part, des phénomènes externes telle l’activité volcanique peut aussi influencer la teneur de notre hiver en raison des cendres propulsées dans la haute atmosphère, pouvant refroidir le climat. Tous ces paramètres sont noyés dans le contexte du réchauffement climatique actuel mais sans relation directe de cause à effet : ainsi, même au sein d’une période chaude, appelée « optimum », nous pouvons subir des hivers froids, comme ce fut le cas ces dernières années en Amérique du Nord.

La France : des prévisions délicates

Outre la complexité des paramètres résumés ci-dessus, il convient de rappeler que le climat européen, et à fortiori de la France, se prête difficilement aux prévisions saisonnières en raison de son caractère « tempéré », c’est-à-dire ouvert à toutes les influences possibles (chaud, froid, sec et humide). Il est plus aisé d’élaborer des prévisions saisonnières pour l’Amérique du Nord car le climat est plus tranché, et les anomalies plus nettes. L’exemple le plus frappant est l’influence des températures de l’océan Pacifique (El Nino et La Nina), dont les conséquences sont quasi directes sur les saisons américaines, tandis que pour l’Europe, cela reste beaucoup plus confus.

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